Notre sens commun du débriefing

Depuis une semaine, on nous par­le de la presta­tion live d’Ar­cade Fire au Madi­son Square Gar­den, qui a été retrans­mise sur YouTube. Hier, tous les médias ont traité du sujet. Québé­cois, inter­na­tionaux… c’é­tait le hap­pen­ing!

Le spec­ta­cle a eu lieu…

Sur le canal YouTube durant l’événe­ment, j’ai lu des gens de Hong-Kong. D’autres écrire en espag­nol. Twit­ter était rem­pli de com­men­taires. Les serveurs de YouTube avaient de la mis­ère à fournir. Peut-être que des cen­taines de mil­liers de per­son­nes regar­daient le spec­ta­cle.

Ce matin, j’au­rais aimé savoir com­bi­en de gens ont assisté virtuelle­ment à l’événe­ment, dans com­bi­en de pays, s’il y a eu des prob­lèmes tech­niques pour l’ensem­ble ou quelques per­son­nes. En gros, com­ment ça s’est passé. Un débrief­ing quoi.

Mais rien, c’est le silence. J’ai fouil­lé sur Google News et je con­state que, à la grandeur du globe, rien n’a été écrit depuis ce matin.

Plus per­son­ne n’en par­le. C’est du passé, c’est out. On passe au prochain.

Ça m’amène à me deman­der où est notre sens com­mun du débrief­ing.

Vous savez, présen­te­ment c’est la ren­trée. On le con­state en long et en large dans les médias. Après la ren­trée, il y a quoi? L’Hal­loween! On va nous en par­ler de l’Hal­loween. Et tout de suite après, si ce n’est pas avant, on va nous chanter des chan­sons de noël jusqu’à nous don­ner une over­dose de Jin­gle Bells. C’est comme ça à tous les automnes : c’est une ques­tion de busi­ness. Ils veu­lent nous ven­dre des cossins. Ça passe, sem­ble-t-il, par une énorme pré­pa­ra­tion à la fête, des mois à l’a­vance.

Ce que je trou­ve hyp­ocrite là dedans, c’est que le lende­main de l’Hal­loween on va ranger les déco­ra­tions oranges. Ce sera fini. Ce sera out. On va même avoir eu hâte que ce moment arrive, parce qu’on est tan­né d’en enten­dre par­ler.

Et pour noël ce sera la même chose mais mul­ti­plié par dix. Le 26 au matin, il ne faut pas s’es­say­er à chanter Mon beau sapin en pub­lic… ça pour­rait être dan­gereux pour notre san­té.

Mais pourquoi? Pourquoi n’a-t-on pas le goût de faire un debrief­ing sur ces moments? Un débrief­ing tout en douceur, pour l’équili­br­er avec la mon­tée des attentes qui dure depuis des semaines. Il y a une espèce de surenchère d’e­spoir et on dirait que dès que c’est passé, peut-être parce qu’on est déçu, on veut oubli­er au plus vite.

On tombe en mode jour de l’an, et St-Valentin, et Pâques…

C’est du passé, c’est out. On passe au prochain.